« Des thérapies ciblées contre les maladies auto-immunes » Article Le Figaro Santé

« Parfois, notre système immunitaire se retourne contre notre organisme et nous rend malades. Un institut spécialisé dans la recherche de traitements, Immun4Cure, vient d’être inauguré à Montpellier. » Par Anne Prigent – Le Figaro Santé – Février 2025

Polyarthrite rhumatoïde, sclérose en plaques, diabète de type 1, maladie de Crohn, Lupus, sclérodermie… pourrissent la vie de millions de Français au système immunitaire défaillant. Car le point commun de ces maladies est qu’elles sont auto-immunes, c’est-à-dire qu’elles sont la conséquence d’un dérèglement du système immunitaire qui, au lieu de le protéger, attaque l’organisme. On parle alors d’auto-immunité.

Il existe plus de 80 maladies auto-immunes (MAI) qui touchent au total 5 à 8% de la population, majoritairement des femmes.

Certaines de ces pathologies comme la polyarthrite rhumatoïde, qui frappe plus de 300 000 personnes par an, sont assez fréquentes, alors que d’autres, comme la sclérodermie, sont beaucoup moins communes et font partie des maladies rares. « Ce sont des pathologies dont la fréquence augmente, sans doute en lien avec des facteurs environnementaux. A cela, il faut ajouter les 20% de patients traités par immunothérapie pour un cancer, qui développent une auto-immunité. C’est donc là un véritable problème de santé publique », explique le Pr Christian Jorgensen, directeur de l’Institut hospitalo-universitaire de Montpellier, Immun4Cure, inauguré officiellement en septembre dernier.

Depuis dix ans en France, une filière de santé est dédiée aux maladies auto-immunes et auto-inflammatoires rares : c’est la FAIR, qui regroupe des centres hospitaliers de référence et de compétence répartis sur le territoire.

L’un des objectifs des chercheurs d’Immun4cure est de trouver des thérapies ciblées pour les maladies auto-immunes. En commençant par la polyarthrite rhumatoïde, la sclérodermie et le lupus.

« Aujourd’hui, on sait traiter efficacement la plupart des maladies auto-immunes avec des immunosuppresseurs et des biothérapies. Mais on ne les guérit pas », rappelle le Pr Jorgensen. Les traitements les plus anciens encore largement utilisés sont les corticoïdes. Puis sont arrivés les immunosuppresseurs, dont le mode d’action est de faire baisser la réaction immunitaire au prix de rendre plus fragiles les patients face aux infections.

Plus récemment, sont apparues des immunothérapies, très efficaces pour suspendre l’évolution de la maladie, mais qui ne sont toujours pas curatives.

Les équipes de Immun4Cure partent en quête de thérapies innovantes. « Nous allons nous appuyer sur la biothérapie notamment à base de cellules Car-T. Nous pourrons également employer d’autres constructions biologiques comme les anticorps, les peptidobodies et les nanobodies », détaille le Pr Christian Jorgensen.

Dès 2026, il espère pouvoir commencer un essai clinique avec des thérapies ciblées. « Lorsque vous avez une maladie auto-immune, seulement 1 % de vos cellules immunitaires circulantes produisent des anticorps. Ce sont ces cellules spécifiques que nous souhaitons détruire pour éviter de bouleverser l’ensemble du système immunitaire », conclut Christian Jorgensen.

Environ 80 de ces pathologies touchent de 5 à 8% de la population

Immunité : les 3 conseils du Pr Christian Jorgensen

  1. Consulter tôt : Un patient atteint d’une maladie auto-immune peut présenter des signes dermatologiques, des douleurs articulaires, une inflammation rénale… Il va consulter le dermatologue, le rhumatologue, le néphrologue, ce qui explique une certaine errance diagnostique pour les maladies auto-immunes les plus rares. D’autant qu’une même maladie peut présenter des expressions différentes. Lorsqu’on souffre d’une maladie chronique qui se manifeste par les signes en question, il faut évoquer avec son médecin traitant une maladie auto-immune. Surtout si dans votre famille se trouvent déjà des cas d’auto-immunité. Le médecin traitant fera les premières analyses, et ensuite pourra vous adresser à un centre de référence ou à un centre de compétence.
  2. Veiller à son hygiène de vie : Certains facteurs environnementaux accélèrent et aggravent ces pathologies. Au premier rang des facteurs aggravants, se trouve le tabac. Ensuite, selon votre pathologie, vous pouvez être amené à modifier des habitudes du quotidien pour améliorer votre confort de vie. Garder une activité physique régulière, adaptée et compatible avec votre pathologie, permet également d’améliorer la qualité de vie.
  3. Prévenir des infections : Les traitements actuels sont efficaces pour de nombreux patients mais, la plupart du temps, les immunosuppresseurs font baisser le niveau d’immunité. Il est donc important de se tenir à jour de ses vaccins, et aussi de porter un masque lorsqu’on pénètre dans les transports en commun ou dans une salle de concert.

Source de l’article : Le Figaro Santé – Février 2025 – Par Anne Prigent

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