Près de 99 % de la population vit dans des zones où la qualité de l’air ne respecte pas les seuils recommandés par l’Organisation mondiale de la santé. Parmi les grandes coupables : les particules fines – des corps qui mesurent moins de 2,5 microns – c’est-à-dire 0,0025 millimètres. Des particules ultrafines : moins de 0,1 micron, soit « la taille d’un virus ou d’une molécule d’ADN » explique AirParif sur son site, et des gaz viennent également polluer l’air : « le dioxyde d’azote, le dioxyde de souffre, l’ozone » de basse altitude, énumère Isabella Annesi-Maesano, directrice de recherche à l’Inserm.
De quatre à huit millions de morts
Or, la pollution atmosphérique tue. Selon l’OMS, plus de 4 millions de personnes en meurent chaque année. Plus de 8 millions en 2021, selon le State of global air, si l’on ajoute l’impact de la pollution de l’air intérieur, en lien, par exemple, en raison de la cuisson au bois.
Mais, il existe des disparités géographiques. « Les gens qui vivent dans les régions où l’air est le plus propre vivent 2,7 ans de plus que celles qui vivent dans les régions les plus polluées du monde. Les personnes qui vivent au Bangladesh, en Inde, au Népal et au Pakistan perdent plus de 3,5 ans de leur vie parce qu’ils sont exposés à un air vicié. Même dans les pays dont on ne parle pas autant comme l’Ouganda ou l’Arabie saoudite, les gens perdent plus de 2 ans d’espérance de vie », souligne Tanushree Ganguly, directrice de l‘Air Quality Life Index. En RDC, si les recommandations de l’OMC avaient été atteintes, en 2022, la population aurait pu gagner près de trois ans d’espérance de vie.
Toujours sur des questions géographiques : on parle très souvent des pics de pollutions dans les métropoles. Mais les campagnes ne sont pas forcément épargnées. « Cela dépend des polluants », précise Isabella Annesi-Maesano, car les épandages, les traitements avec des pesticides, des feux peuvent contribuer à la pollution de l’air. Par ailleurs, la pollution de l’air circule.
Pas exclusivement des maladies respiratoires
Il peut y avoir des effets à court termes avec des pics de pollutions et « des effets d’exposition chronique à la pollution, y compris à des doses considérées comme non nuisibles », alerte Isabella Annesi-Maesano.
Dans les deux cas, on trouve évidemment des maladies respiratoires, mais les pics de pollutions peuvent aussi favoriser des crises cardiaques ou des accidents vasculaires cérébraux. À long terme, la professeure en épidémiologie environnementale à l’IHU Immun4Cure de Montpellier, évoque des risques de « problèmes respiratoires : le développement de l’asthme, des bronchopneumopathies obstructives et chroniques. Il y a d’autres pathologies comme la fibrose pulmonaire idiopathique, mais au-delà de problèmes respiratoires, il existe des problèmes cardio-vasculaires. Le cœur est atteint par cette pollution tout comme le cerveau. Et quand on parle du cerveau, on a aussi des maladies neurodégénératives. » Et de citer encore : « le diabète, la polyarthrite rhumatoïde, certains cancers. Par ailleurs, les mères sont exposées pendant la grossesse, on a un risque de prématurité et de petit pois du nouveau-né. Et ça, ce sont des facteurs de risque de problèmes chroniques plus tard dans la vie. »
Cela s’explique par la petite taille des particules. Les plus fines peuvent franchir la barrière des alvéoles, là où se font les échanges gazeux dans nos poumons, et se retrouvent donc dans le sang. Elles peuvent ensuite affecter tous les organes.
La meilleure solution en termes de prévention, c’est de réduire les émissions de polluants. Quand c’est possible. Il ne faut pas oublier que les particules dans l’air peuvent aussi avoir une origine naturelle comme du sable en suspension. Au niveau individuel : éviter, quand c’est possible, les rues embouteillées, et à l’intérieur, ne pas bricoler les fenêtres fermées ou encore éviter certains produits de ménage.
Source : https://rfi.my/BWf4 – Par : Pauline Gleize – Publié le : 25/03/2025
Copyright Photo « La pollution de l’air empoisonne la vie des Français » : © Reuters/Charles Platiau